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Apparition d'une tâche d'encre sur le cannard...


Entre nous, sincèrement c'est tout de même ce que peuvent parfois me dire les abonnés du COIN-COIN* qui m'a convaincu de créer ce blog! Oui j'ai l'immense joie (?!) de travailler dans

le call-center du COIN-COIN*.


...Ce qui permet accessoirement de payer mon modeste, quoi que horriblement cher, 17m² parisien.

Les histoires du COIN-COIN* étant trop peu nombreuses (bien que... il y aurait à dire - si si! - ), "Une tâche d'encre dans le canard" accueillera aussi d'autres billets décomplexés (au choix) :

-Paris au détour de quelques photos.
-Tergiversations musicales.
-Vie étudiante du Canard masqué.
-Prises de tête journalistiques.

Point à la ligne,
Bla Bla Bla ...


De la part du Canard Masqué et de moi-même: Bonne flânerie sur l'internet !


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* Un indice pour le mot masqué COIN-COIN: en tout cas ce n'est pas le Canard enchainé (M'enfin non! Ca serait trop simple.)



mardi 14 septembre 2010

mardi 20 juillet 2010

"Catalonia is not spain"?

Je regardais Enquête exclusive il y a quelques jours, oui je succombe au marketing 2.0 de la chaîne de télévision M6 qui n’a pas trop raté le coche des nouveaux médias avec notamment M6replay.fr (Arte.tv a d’ailleurs grandement rattrapé son retard)…

Donc Enquête exclusive disais-je. Un reportage sur l’Espagne :
"Fiesta, Cocaïne et pickpockets : fièvre à Barcelone"
Le sujet de l’indépendantisme catalan n’apparait pas dans le nom de l'émission (l’équipe de prod' a du se dire que ça attirerait moins la ménagère de moins de cinquante ans que les messages fiesta, cocaïne, fièvre à Barcelone) pourtant tout le long du reportage les journalistes y consacrent un sujet.
























Les indépendantistes revendiquant la création de l’Etat Catalan au sein de l’Union Européenne ne sont encore qu’une minorité mais, à force d’opérations coup de point et de hauts dignitaires pro catalan, ils réussissent à imposer de plus en plus de leurs idées.


La Catalogne a déjà un statut un peu particulier puisqu’elle est reconnue, au sein de l’Etat espagnole, comme une communauté autonome et historique. La Constitution espagnole parle de « réalité nationale ».

Une illustration assez édifiante à la faveur d’une banale figure de style : la comparaison (un des noms les plus ingrats qui puisse être donné à une figure de style) faite par une maman espagnole venu s’installer à Barcelone avec sa petite fille :
«Je suppose que dans aucune région de France on interdit d’apprendre le français à l’école.
Ici c’est ce qui se passe pour l’espagnol. » Ou castillan, la langue officielle du pays a contrario du catalan.


Ça laisse quelque peu perplexe en y réfléchissant bien. Il se passe quoi en France si une région (bon d'accord içi la région ne gère que les lycées, mais imaginons.) impose son dialecte dans toutes les écoles de son ressort et qu’elle place le français au rang de simple « langue étrangère »? Langue étrangère ne constituant donc plus qu’une option pour les petits écoliers français.

Un extrait de la Constitution espagnole:

« Article 2
La Constitution est fondée sur l'unité indissoluble de la Nation espagnole, patrie commune et indivisible de tous les Espagnols. Elle reconnaît et garantit le droit à l'autonomie des nationalités et des régions qui la composent et la solidarité entre elles.
Article 3
1. Le castillan est la langue espagnole officielle de l'État. Tous les Espagnols ont le devoir de le connaître et le droit de l'utiliser. 2. Les autres langues espagnoles seront également officielles dans leurs communautés autonomes respectives conformément à leurs statuts. 3. La richesse des différentes modalités linguistiques de l'Espagne est un patrimoine culturel qui fera l'objet d'un respect et d'une protection spéciale. »


Le 28 juin dernier le tribunal constitutionnel espagnol semble avoir mis, pour un temps, le holà. Il a déclaré comme anticonstitutionnelles certaines mentions du statut d’autonomie voté en 2006:
L’inscription du concept de « nation catalane » dans le statut d'autonomie, tout en lui reconnaissant une valeur historique et culturelle.
La définition du catalan comme langue ayant un caractère préférentiel sur l’espagnol, tout en acceptant son caractère obligatoire dans l'enseignement.


Suite à cette décision, une marche de protestation a réuni près d'un million de personnes le 10 juillet dernier dans les rues de Barcelone.

lundi 19 juillet 2010

"Bling Bling Bling" fait le président quand il se casse la figure






Le péché originel du président

"
Eclaboussé par le scandale Bettencourt, Nicolas Sarkozy ne fait que récolter ce qu’il a semé. Tous les éléments de l’affaire étaient en germe dans la fameuse fête du Fouquet’s."



"Sa première erreur remonte probablement au soir de son triomphe. En mai 2007, Nicolas Sarkozy choisit de fêter sa victoire à l’élection présidentielle au Fouquet’s, sur les Champs-Elysées. Pendant que, sous une coupole dorée, les politiciens, les industriels et les stars du show-biz le courtisent, la masse de ses partisans reste à la porte. Les Français ont alors l’impression d’avoir élu un parvenu à la tête de l’Etat, et se mettent à parler de “président bling-bling”. L’étiquette est restée. Et si Sarkozy est aujourd’hui entraîné dans un tourbillon d’affaires, il s’agit de la tragédie d’un homme qui voulait remettre la France sur le droit chemin mais qui a été trahi par lui-même. “Je veux que vous ayez une confiance totale dans vos élus, dans votre démocratie, car c’est la force des grandes nations”, soulignait-il juste avant son élection. Trois ans plus tard, les sondages montrent que les deux tiers des Français ne lui font plus confiance et considèrent les hommes politiques comme “plutôt corrompus”. La “rupture” tant promise d’avec les castes et les privilèges de la Ve République n’a jamais été menée à son terme – bien au contraire, des secrétaires d’Etat [Christian Blanc et Alain Joyandet] ont démissionné pour des histoires de cigares et de jets privés. Sarkozy lui-même est soupçonné – mais rien n’est prouvé pour le moment – d’avoir illégalement financé sa campagne en acceptant les largesses de la multimilliardaire Liliane Bettencourt. Celui qui voulait bousculer les choses se fait à son tour bousculer.

C’est triste pour Sarkozy et dommage pour la France. Le pays aurait eu besoin d’un réformateur courageux qui transforme la République des élites en un Etat au service de ses citoyens. Le président n’a pas réussi cette révolution. Il doit se demander pourquoi. La première réponse tient à lui-même. Sarkozy prêchait des vertus dignes de la Rome antique, comme la transparence, la modestie et le sens de l’intérêt général. Or il s’est comporté comme une créature hybride, un mélange de Roi-Soleil et de Johnny Hallyday. Le président se mêle de tout – de la durée des pauses publicitaires à la télévision au nettoyage de l’équipe nationale de football –, tout en alimentant la presse people avec ses vacances sur un yacht et ses minauderies avec Carla Bruni. Certes, il donne depuis peu une image plus sobre de lui-même, mais personne n’y croit.

Deuxièmement, Sarkozy a voulu trop en faire. Au lieu de se concentrer sur des questions importantes, comme la réforme des retraites et la révision de la Constitution, il s’est aussi attaqué à l’éducation, aux médias, à la justice, à la fiscalité et au marché du travail, sans oublier l’Europe et l’économie mondiale. C’était trop, même pour cet Hercule. Aujourd’hui, il doit réduire la voilure, renoncer, et cela le fait paraître plus faible qu’il n’est.

Le président ne peut pas grand-chose à la troisième cause de son échec : la crise financière. Celle-ci l’entrave autant que ses homologues étrangers. Il a cependant fait naître des attentes si grandes que, pour les Français, la déception est immense. Elle est en tout cas plus importante que pour les Allemands, qui n’attendaient pas de miracles de la coalition libérale-conservatrice d’Angela Merkel.


La quatrième réponse tient au régime. La France est loin de satisfaire ses ambitions d’égalité. Les réseaux, comme ceux que Sarkozy entretenaient à l’époque où il était maire de Neuilly, sont au moins aussi importants que le mérite individuel. De plus, les “grandes écoles” produisent une élite qui se considère très tôt comme destinée aux plus hautes fonctions. Ces “élus” constituent des réseaux solides à l’exclusion de tous les autres. Sarkozy, fils d’immigré, aurait pu contrecarrer ce système. Mais il s’est employé avec gourmandise, voire avidité, à appartenir à cette oligarchie. Les affaires actuelles montrent à quel point l’élite considère ses privilèges comme allant de soi. Prenons pour exemple Eric Woerth. Ce ministre est déterminé, professionnel, travailleur, modeste – le type d’homme dont rêve tout chef de gouvernement. Et voilà que les Français apprennent qu’en tant que trésorier du parti au pouvoir il aurait reçu de Mme Bettencourt des dons en liquide ; qu’en tant que ministre du Budget [entre 2007 et 2010] il avait sous sa responsabilité les impôts de la milliardaire, le tout alors que son épouse gérait la fortune de l’héritière de L’Oréal. Bien entendu, il faut partir du principe que tout s’est passé dans les règles, mais pourquoi Woerth s’est-il de lui-même exposé à de tels conflits d’intérêts ? Peut-être parce qu’il appartient à une élite qui ne se remet jamais en question.

Nicolas Sarkozy [qui s’est exprimé le 12 juillet, en direct sur France 2] a encore le temps de tirer les conclusions de toute cette affaire. Il pourrait remanier son gouvernement et constituer une équipe plus restreinte, plus efficace. Il pourrait promettre aux Français du sang, de la sueur et des larmes. Il faudrait alors qu’il explique les réformes qu’il entend faire passer. Il pourrait promettre, au nom de son gouvernement, de renoncer aux cigares de fonction, aux avions privés, aux dons douteux et à tout le bling-bling. Mais les Français ne lui pardonneront vraiment sa fête au Fouquet’s que s’il parvient à transformer cette caste d’aristocrates républicains en véritables serviteurs de l’Etat."

de Süddeutsche Zeitung (Munich) Stefan Ulrich
Courrier international n°1028